Il était une fois un jeune diplômé Bac+2 qui s'appelait Blabladin. Notre jeune ami rêvait de devenir consultant pour pouvoir remplacer sa mob toute pourrie par une une jolie Audi A6. Un peu paumé, il poussa la porte de l'ANPE et attendit d'être reçu par un conseiller.
Après avoir passé la matinée dans une file d'attente, il fut reçu par une charmante hôtesse au doux prénom d'Eugénie (d'après le chevalet posé devant elle). Il engagea maladroitement une conversation sur la taille et la fluidité de la queue qui avait duré trop longtemps à son goût. Elle fut si troublée qu'elle renversa d'un geste tout son gobelet de café sur le bureau, ce qui provoqua un court-circuit sur l'ordinateur. Krrrippp Fuuum. Elle disparut derrière un rideau de fumée et le supplia : "ouh la la, aidez moi à éteindre ça, je vous en prie, je ferai ce que vous voudrez après". Blabladin s'exécuta en étouffant les petites flammes qui sortaient du capot de la machine avec son manteau. L'Eugénie de la L'Anpe tint sa promesse et l'accompagna dans son projet professionnel.
Blabladin lui demanda d'abord d'être recommandé auprès d'une agence de relooking. Après s'être fait faire un brushing, un briefing et un limage des canings, il fit l'acquisition d'une panoplie complète de consultant junior avec un palm en cadeau de bienvenue. A côté, les types de "Men in black" paraissaient fagotés comme des playmobils. Il téléchargea la musique de "Mission impossible" sur son portable, enregistra un message en franglais sur sa boîte vocale et se sentit fin prêt.
Pour que ses envies prennent vie, l'Eugénie de la l'Anpe envoya ensuite Blabladin en rendez-vous avec le roi Merlin, un mage bricoleur, spécialisé dans le coaching. Son cabinet s'appelait depuis peu Arthur and Ersen (ex-Calibur, mais ce le nom était grillé depuis l'affaire des contes trafiqués de la Petite Marchande d'Allumettes).
Le roi Merlin se targuait de connaître du beau monde, y compris des vedettes qui passaient à la télé, c'est dire. Le discours de Merlin l'enchanta : "Tu sais, quand j'ai lancé la carrière du roi Arthur, lui aussi, il avait du mal à se faire à l'idée. Pourtant, il a réussi. Si tu veux, aaam, il faut savoir investir dans les secteurs porteurs, tuwa, et surtout combiner une approche pratico-pratique avec une approche globale et transversalisée".
Blabladin repartit de ces séances en étant presque bilingue en management. Quand on lui demandait quel était son parcours, il ne répondait plus "chui venu en RER puis en métro" mais plutôt "j'ai obtenu un même billet ce qui m'a permis de voyager". Au plan sportif, il fit également des exercices pour savoir monter facilement au créneau, piloter un projet avec le nez dans le guidon et pour sauter sur les occasions lorsqu'elles se présentent.
Enfin, le grand jour arriva. L'Eugénie de la l'Anpe lui organisa son premier rendez-vous client. Blabladin allait pouvoir accomplir son rêve : facturer, aux frais de la princesse Sherdeahazède, ses gargarismes sur powerpoint. C'est le directeur de la société de production Endemo qui l'accueillit. Comme son nom l'indique, Endemo avait l'habitude de travailler avec des consultants compétents. Blabladin alluma son portable, sortit un joli tapis de souris de sa housse et se lança dans une grande envolée sur les programmes télé de demain. Son trésor rhétorique brillait de mille feux sur le slideshow lorsque survint le lapsus : "il faut que dans la boîte les conserves". Ses interlocuteurs, très concernés eux aussi, approuvèrent massivement : "oui, voilà une belle idée d'émission". "C'est un compromis à prendre ou à laisser", conclut Blabladin. Consécutivement, le concept fut concrétisé en conséquence sans complexe ni condition. Blabladin fut payé rubis sur l'ongle.
Blabladin put ainsi ouvrir sa propre boîte et l'appela "Entroimo" pour rendre hommage aux "consommateurs" qui s'y reconnaîtront. Il acheta son Audi, épousa Eugénie, avec qui il eut CEGOS. Vécurent-ils heureux ? Vous le saurez tout de suite après çaaaaaaaaaaaa.
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