Ce matin là, le soleil dardait ses vifs éclats dorés sur les tranches élimées des précieux palimpsestes qui ornaient les étagères massives de la bibliothèque en bois d'ébène. "Comme la lumière est belle à l'orée du jour", me dit Pierre-Maxime. Sa voix avait percé le silence enveloppant du salon dans lequel nous avions pris place. Le lourd fauteuil en cuir sembla lui répondre par un grincement lorsqu'il se leva.
Debout, il tendit sa main vers un manuscrit qui trônait au milieu d'un guéridon en bois florentin. Il prit solennellement les quelques feuilles de papier sur lesquelles avaient été couchées avec application les lignes d'une écriture fine et régulière. "Voyez-vous", reprit-il, "lorsque j'ai commencé ce projet de roman, je ne savais pas où tout cela allait nous mener". D'un geste sûr, il ôta ses lunettes, en replia les branches et les fit tournoyer comme un radhiestésiste au dessus des feuillets. Les reflets de la monture glissaient sur le papier en dessinant des demi-lunes turbulentes. Il prolongea le mouvement de son bras vers moi puis se ravisa. Il replia son pouce pour tenir ses lunettes dans le creux de sa paume et pointa un index vers le texte. "Ce que j'ai écrit aura peut-être du sens pour d'autres. Pour moi, ce sont d'abord des mots. Mais ces idées, j'en suis certain, transporteront de belles émotions".
1) Comment l'auteur utilise-t-il le thème de la lumière pour figurer les rapports entre les personnages ?
L'auteur montre surtout que le dénommé Pierre-Maxime a du pognon. Déjà, Pierre-Maxime, tu sens bien que c'est pas Jean-Claude, Bébert ou Lulu-Dylan. Le côté "Comme la lumière est belle à l'orée du jour", c'est de la foutaise pour épater son fournisseur. Moi, je vois, dans ma boîte, j'ai un client qui fait pareil. Il est là, "nana nanana, ma chère, vous reprendrez bien du thé". Alors, je vais vous dire : tant que je me cale sur les objectifs, je bois du thé et pis c'est marre. Donc, l'autre pimpin qui branlotte ses lunettes au dessus du dossier, c'est pas ça qui va m'impressionner.
2) Relevez dans le texte les éléments qui montrent que Pierre-Maxime est un écrivain en proie au doute.
Votre Pierre-Maxime m'a bien l'air d'être une belle tarlouze. Et que je fais des histoires avec mon guéridon en bois précieux, et que je m'agite les lunettes en faisant la grande folle, que je joue à l'écrivain qui doute. Bon. Maintenant, faut savoir ce que tu veux, en tant que commercial. Ce qui compte, c'est déployer une solution globale pour couvrir le métier et fourguer de l'expertise. Donc, tarlouze ou pas tarlouze, ce que je regarde, clairement, c'est le bon de commande. Le reste, je m'en tape. Si je lui dis qu'on va faire des échanges de bonnes pratiques, c'est pas la peine qu'il commence à se palucher : c'est une image.
3) Quels procédés utilise le narrateur pour souligner la pudeur de l'écrivain ?
Nous, soyons très clairs, on est là pour faire du bizness en gardant une logique globale. Alors, les états d'âme, ça va cinq minutes. J'ai fait un peu de PNL, ce qui fait que les loulous du genre Pierre-Machin, j'ai les outils. Moi, je constate : il dit "voyez-vous" et il tripote ses carreaux. C'est donc un visuel. Qu'est-ce que je vais faire ? Eh bien lui balancer du "regardez moi ça, jetez un coup d'oeil". Il y a eu des études là dessus, ça marche.
4) A quelles émotions le personnage fait-il allusion dans la dernière partie du texte ?
Si tu lis bien entre les lignes, tu te rends compte que le Pierre-Truc, en fait, il n'est pas trop fier du dossier qu'il a pondu. Tu sens bien qu'il veut s'orienter dans une démarche progrès mais qu'il ferait mieux de mettre en place un intégrateur métier s'il veut se bouger. L'autre, en face, c'est pas un bon : il se noie dans les détails à la con, genre "tiens, il fait du bruit, son fauteuil". Moi, je lui ferai vibrer la corde sensible, au client. Je lui dirais que je peux lui apporter de la visibilité, faire un linkage ouvert et remettre à plat son système. C'est comme ça que le type il commence à t'écouter. Alors les émotions, d'accord, mais à condition de capitaliser du savoir-faire métier.
5) "Ce que j'ai écrit aura peut-être du sens pour d'autres". Comment interprétez-vous cette expression de l'écrivain ?
Typiquement, ça veut dire tout et son contraire. "Donner du sens", c'est le genre de formule qu'on te rabache à longueur de réunion mais ça veut dire que c'est toi qui te dépatouilles du dossier. Au début, tu fais une analyse extrêmement fine des besoins, tu apprends le cahier des charges par coeur, à la limite tu vas voir Daniel ou Patrice si c'est trop technique, mais la règle ça reste de bazarder du standard le plus possible. Sauf qu'il ne faut pas le dire au client. Il faut qu'il comprenne qu'il est unique et que tu lui fourgues du sur-mesure. Si tu ne lui dis pas que ça va donner du sens, tu ne peux pas facturer le même prix.
Ah rah! arghr !...trop dur pour moi... Neurones en folie... Vite une ligne!
Rédigé par : Bushido | 10 mars 2007 à 14:31
Mais oui, mais non, faut quand même pas exagérer, il a raison Marcel de remettre les choses à leur place. Faut pas pousser non plus. "Ce que j'ai écrit aura peut-être du sens pour d'autres. Pour moi, ce sont d'abord des mots."
Non mais sans blague, faut qu'on se démerde sans mode d'emploi en plus ?
Bon nous c'est pas un pb hein, on vend tout ce que vous voulez, même si on sait que ce que c'est. M'enfin là, faut être motivé, et s'il lache pas ses lunettes, je vous jure que je vais les lui faire avaler.
Rédigé par : Annie | 10 mars 2007 à 16:07
Extrait des perles du BAC 2006?
Rédigé par : SebG | 10 mars 2007 à 16:17
procédés, pro-cé-dés, pro c'est dés, pro-cédés ...; est ce que j'ai une geueule de procés dis ? je joue pas au 421 !
Rédigé par : kindo | 10 mars 2007 à 18:14
traitrise d'ouvrage : les cancres sèchent!
Rédigé par : busho | 13 mars 2007 à 23:38
Analyse on ne peut plus poétique.
Votre pudeur vous empêche habituellement de mettre à jour votre part féminine mais vous avez su outrepasser cet obstacle pour la laisser s'exprimer pleinement.
A quand un ecrit plus personnel ?
Rédigé par : Nathalie | 18 mars 2007 à 16:24
Vous avez un talent fou, et je ne parle pas du CRM. Vous n'avez jamais songé à vous out-placementer loin de tous ces K euros pour écrire?
Rédigé par : Tech Bee | 20 mars 2007 à 13:21
Notre e-manuel est-il si pris par sa prêtrise dans son ouvrage qu'il en oublie ses fidèles paroissiens qui réclament un épitre, même sans pitrerie, avec une pointe à pitre : ris qui s'en dédie?!
Allez, un tipunch, c'est ma tournée!
Rédigé par : bushido | 26 mars 2007 à 02:04
Et pendant ce temps là à Vera Cruz, certains prennent leur temps, relisent les débuts de notre cher e-manuel, loins de la présidentielle, sans jt2zero, sans 99 francs, sans pression, en sirotant un jus sur un transat wifisé.
Dringgg ... réveil sonne, 3 jours et une nuit et demi, troisième épreuve : finance. Plantée.
Il y a urgence à pouvoir en rire. Vivement le prochain prêche du fils spirituel de Bushido.
Rédigé par : François | 30 mars 2007 à 18:40
en attendant, pour ceux qui préfèrent la présidentielle à Vera Cruz, viendez sur mon blog. c'est là : http://mapresidentielle.free.fr
Rédigé par : François | 30 mars 2007 à 18:42
manu, lache le clavier et tape toi une pute! ça ira mieux après ;-)
Rédigé par : bass | 05 avril 2007 à 01:51
Ding! deng! dong! c'est Pâques ,
E-manuel devrait être de retour d'ârome...
Rédigé par : kacho | 08 avril 2007 à 14:03
va falloir qu'on s'y mette nous même pour continuer ce blog: edam, six magrets m'étaient comté comme dirait mon canard!
Rédigé par : bushido | 20 avril 2007 à 13:26
Je vous recommande d'aller jeter un oeil sur www.voizon.fr, une sorte de république de paumés où la consanguinité est loi et les échaufourrées une profession de foi : ça bastonne comme à Chicago !
Rédigé par : Pep | 09 mai 2007 à 22:25
Gravis Cimes !
Une expédition a été lancée pour retrouver le guide d’une tribu du fin fond de la blogosphère disparu depuis quelques semaines.
Les recherches se sont organisées autour du camp de base où il officiait.
Les grottes alentours ont été scrupuleusement inspectées sans succès.
Les indices permettent d’envisager plusieurs hypothèses mais aucune d’elles n’est privilégiée pour l’instant. Tout semble cependant indiquer un départ volontaire.
Rédigé par : Nathalie | 18 mai 2007 à 12:53
Ainsi donc, il lâcha son blog, et on en entendit plus parler. Nous espérons qu'il va bien et qu'il est heureux.
Rédigé par : techbee | 02 juin 2007 à 09:36
Ben alors ?
un coup de sarkozysme ?
Que se passe-t-il ?
Le dico est incomplet et le distributeur de billets n'a pas craché toute sa substantifique moelle !
Rédigé par : Claudius | 03 juin 2007 à 19:23