- Cher Jean-Pat. Vous avez été nommé à ce poste de conseiller stratégique en début d'année et vous allez publier un premier bilan des actions de votre service dans quelques jours. Quels résultats comptez-vous présenter au prochain codir ?
- Hun hun. Je crois en effet que ces résultats semestriels nous permettent d'envisager l'avenir avec enthousiasme et inventivité. Voyez-vous, quand une entreprise sait se créer des opportunités, elle peut plus facilement proposer des pistes de développement qui amènent nécessairement des projets toujours plus innovants dans le plus grand respect des valeurs de la responsabilité globale.
- Très bien. Mais, disons, concrètement ?
- Hun hun. Concrètement ? C'est effectivement toute la question. Permettez moi de dire d'abord que je partage pleinement cette préoccupation. Quand il s'agit d'assumer ses responsabilités, il vaut mieux être capable d'aller jusqu'au bout de ses idées. En un sens, promouvoir une nouvelle vision exige, pour chacun de nous, une capacité à savoir s'approprier les éléments de la situation pour provoquer des changements utiles. Par exemple, si vous voulez relever le défi de la créativité, il est nécessaire, concrètement, de faire bouger les choses et de donner du sens à votre action. Sinon, vous restez à la surface et cela provoque des blocages.
- Oui, euh, mais cela veut dire quoi, en clair ?
- Hun hun. En clair ? Eh bien, dès lors que vous avez une vision de l'avenir qui vous pousse à imaginer des changements, vous devez savoir insuffler de nouvelles méthodes, définir des process innovants et surtout être réactif. Au moment de décider et de faire un pari sur l'avenir, il faut bien sûr garder présent à l'esprit l'ambition qui anime tout décideur qui souhaite faire évoluer ses projets dans le bon sens. Sans cela, il est impossible de penser différement et surtout d'agir autrement. Or, pour trouver des solutions différentes, il faut d'abord être en mesure d'inspirer une nouvelle vision, de nouvelles valeurs, si vous préférez.
- Et ces valeurs, alors, ce serait quoi, euh, concrètement ?
- Vous avez raison. Soyons clair et concret. Vous savez que tout développement passe par une volonté. Bien. Cette volonté est la clé de voûte du management du changement de nos organisations. Toute organisation qui perd de vue ses objectifs risque de rater les prochaines étapes de son plan d'action. Or, sans action, l'organisation s'atrophie, les volontés s'émoussent, il y a moins d'ambition. Donc moins de volonté. Vous voyez, la mécanique est implacable : il faut vraiment faire des efforts pour aller de l'avant et dépasser ces modèles du passé.
- Ah. Mais alors, euh, au quotidien, vous faites quoi ?
- Hun hun. Vous avez trouvé le mot juste : cette ambition doit être quotidienne. Ce doit même être une obsession. Comment ouvrir de nouveaux horizons si la démarche n'est pas d'abord inscrite dans une réflexion permanente ? Je vous le dis tout net : c'est impossible. Vraiment, ma conviction est qu'il faut savoir bousculer les idées établies, dissoudre les routines, repenser en permanence la stratégie en fonction des enjeux qui se font jour. Dès lors, et à cette condition, il devient possible d'élaborer une stratégie audacieuse et originale pour créer les conditions favorables de son développement.
- Nan, mais je veux dire, au quotidien, là, vous faites quoi, euh, dans votre bureau ?
- Hun hun. Vous posez en effet la question du coeur de métier. Que fait aujourd'hui un manager responsable ? Comment peut-il imaginer l'évolution des phénomènes, disons, pour faire simple, l'avenir de ses marchés et donc de ses activités de demain ? Comment va-t-il développer son chiffre d'affaires, partir à la conquête de nouveaux clients, satisfaire les intérêts de ses actionnaires ? Vous voyez : ce sont des questions très simples qui se posent à lui. Les choses sont souvent formidablement simples. Et mon métier - je dirais - c'est justement de faire en sorte qu'elles soient aussi simplement formidables.
- Nan, mais d'accord, mais, bon. Vous êtes payé à quoi foutre, vous et votre conseiller en communication, là ?
- Hun hun. Vous savez, mon cher Stéphane, il est commode de toujours poser la question du rendement à court terme. C'est une perspective malheureusement trop courante dans nos organisations. Une vision plus moderne et tout simplement "proactive" exige justement de savoir mettre les données en perspective et aussi en mouvement. Dès lors que la réflexion est bornée par des considérations contingentes, toute ambition stratégique se trouve réduite à l'expression d'une opérationalité banale, sinon triviale : du coup, l'entreprise ronronne et finit par gaspiller ses ressources. Avouez que ce serait tout de même un contresens dans le contexte actuel.
- Bon, c'est pas mal. Faudra juste reprendre ton topo sur la clé de voûte avec un diaporama un peu punchy. Un autre truc : faut que tu mettes un ou deux chiffres. En pourcents ou en dollars, tuwa, un truc qui fait réfléchir. Sinon, c'est bien : c'est concret, vivant, on suit bien ton message. Pour ma facture, on fait comme d'hab ?